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Boltanski, Christian (1944-2021)
Brève
publié le jeudi 15 juillet 2021

Jeune Cinéma en ligne directe
Journal de Wayne Hays 2021 (jeudi 15 juillet 2021)


 


Jeudi 15 juillet 2021

 

Christian Boltanski (1944 2021) est mort hier, le 14 juillet 2021.


 

Il disait, en 2011 à Venise : "Pour moi, la chose la plus importante, c’est que les choses continuent".


 

Il disait aussi, sur France Culture : "La seule manière de survivre, c’est de transmettre".

À l’annonce de la nouvelle, immédiatement, il nous revient en mémoire, au MAC’S, ce musée pas comme les autres, installé au Grand Hornu dans le lieu de mémoire ouvrière.
Son œuvre, Les Registres, créée en 1997 pour les anciennes mines de charbon du Grand-Hornu dans le Borinage, cet immense mur de boîtes rouillées, avec sur chacune, une petite étiquette, un nom, et une photo d’un mineur en habit du dimanche.
"Il n’est pas juste de parler de 5000 mineurs, disait-il, nous devons nommer chacun d’eux."
C’était à la fois terrifiant et apaisant. Comme si, enfin, les choses étaient en ordre et chaque âme en paix.


 


 


 


 

On se souvient aussi de la suite. C’était en 2015, une rétrospective Boltanski, au MAC’s aussi, sur 5000 m2, dans le cadre de Mons capitale européenne de la culture.


 

À partir des Registres, il avait complété, animé, reconstitué pourrait-on dire, le souvenir initial.


 

On n’y était pas retourné, mais certaines images faisaient de la résistance qui serraient le cœur, le terril, les vêtements, venues d’on ne sait où, du Grand Palais, du MAM ou de Artnet.


 


 

On se souvient de lui à Bologne aussi.

Le Museo per la Memoria di Ustica c’est carrément "son" musée, qui a ouvert en 2007.
On l’oublie cet "accident" du 27 juin 1980, ce DC9 qui, sur le trajet de de Bologne à Palerme, est tombé dans la mer, près de l’île de Ustica, au nord de la Sicile, probablement abattu par un missile, un mystère jamais élucidé. L’Association des parents des victimes du massacre d’Ustica a demandé à Christian Boltanski d’en faire un mémorial, pour qu’au moins, les 81 victimes, elles, ne tombent pas dans les poubelles de l’histoire. Grâce à lui, l’installation permanente qu’il a conçue faite de reflets, de lumières et de chuchotements, témoigne de cette cohésion qui fait une humanité, dans le temps et dans l’espace.
1980, ce fut décidément une bien mauvaise année pour la ville et pour l’Italie : le 2 août suivant, ce fut l’attentat de la gare de Bologne, mais là, on connaît les coupables, l’extrême droite.


 

Toujours à Bologne, en 2017, il y eut de grandes célébrations d’anniversaires dans toute la ville, parmi lesquels, les 10 ans du Museo di Ustica, mais aussi les 10 ans du Museo d’Arte Moderna di Bologna (MAMbo) : Anime. Di luogo in luogo (26 juin-12 novembre 2017). Et c’est Christian Boltanski qui fut au centre du projet, avec sa poétique habituelle, le tissu urbain et les migrants, la mémoire et le temps, le passage entre la vie et la mort.


 

Et aussi, bien sûr, on se souvient de lui à Venise, en 2011, où la Biennale d’art contemporain, 54e édition, dont le thème était, ILLUMInations, lui a donné le Pavillon français aux Giardini (4 juin-27 novembre 2011).
Son projet, Chance, était vertigineux. Lui qui, dans sa philosophie, tenait à sortir le petit homme quelconque de la multitude, d’une certaine façon, l’y replongeait, lui donnant sa juste place, petit bout de monde hasardeux, ballotté par des forces obscures. Chaque visiteur sortait silencieux, humblement, du pavillon français


 

L’artiste métaphysicien était au Chili, en 2014, dans le désert d’Atacama, où Pinochet balançait les corps des torturés, comme le raconte Patrico Guzman : Animitas ou la musique des âmes.


 

L’année dernière, - c’était hier -, il était au Centre Pompidou : Christian Boltanski. : Faire son temps(13 novembre 2019-16 mars 2020).


 

On s’en souvient sur France Culture.


 

Comme tout bon métaphysicien, et comme tous les poètes qui entretiennent avec l’invisible des relations de doute, Christian Boltanski était un joueur.
On vient de le découvrir.
Il avait rencontré un collectionneur australien, qui voulait acquérir une de ses pièces.
Il lui a plutôt proposé d’acheter sa vie en viager.
Deal !
Depuis janvier 2010, quatre caméras étaient accrochées dans son atelier, filmant sa vie en direct, 24 heures sur 24, retransmise en temps réel dans la propriété du collectionneur, lieu ouvert à tous. On aimerait être tenu au courant de ce qu’il va advenir de l’affaire, et de quelle mémoire les deux compères se jouaient.


 

Par ailleurs, Christian Boltanski faisait du cinéma.



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